La dernière fois que j’ai préparé un café, rien ne s’est vraiment passé comme prévu. La table s’est écartée, puis rapprochée, a tanguée un instant et ma tasse s’est renversée. Je persiste à croire que c’est le vent même si certaines mauvaises langues m’accuseront d’une incorrigible maladresse sachant que la fenêtre était fermée. Bref, une nappe à laver plus tard, j’en ai préparé un deuxième. Un café si noir qu’il aurait fait une alternative acceptable à un miroir. Pas très propre mais où j’aurai pu regarder se former mes pensées. Cette fois, j’ai du m’approcher un peu trop car de toutes, cette pensée là s’est transformée en réalité.
Tout pareil que dans le roman éponyme, je me suis retrouvée de l’autre coté du miroir. Ça va, les miroirs je connais, j’avais déjà testé l’effet dans la baie de Gerupuk la semaine passée avec la planche de surf et mon nez presque cassé. Cette fois, je me suis retrouvée projetée en plein milieu des champs de café, à passer la main dans la récolte de cerises de la journée. Hier, j’arpentais les rayons de la brûlerie à Nice. Aujourd’hui, je prends un coup de soleil sur les oreilles et tousse dans la poussière du champ de caféiers en négociant trois kilos de grains fraichement torréfiés. Et non merci, pas de mouture au pilon, on le fera tout frais à la maison.
Le café de Marta est difficile à manquer. Il est sur la route de Kelimutu à Moni par la forêt. D’ailleurs, il faudrait être sourd, aveugle et insensible aux odeurs pour réussir à passer à côté sans y entrer. Et encore, je suis certaine que Marta se ferait une joie de vous y emmener. Ce café là est tout doux, légèrement suave avec dans la bouche le goût de la jungle, de la terre, des fruits sec et du pain d’épices.
On a finit de le déguster sans trop parler. Avec une tranche de brioche, du miel et un bout d’avocat. Encore un peu perdu dans nos pensées. On était partagés entre le souvenir du soleil se levant sur les cratères et les brumes se dissipants sur les champs à côté.
Prochaine fois, retour à la réalité. On parlera de la Sinfonietta de Leoš Janáček et de ce fantastique ballet à l’opéra.