En été comme en hiver, je rame. Un peu tout le temps et un peu partout en fait. Enfin, tant que les vagues ne dépasse pas le mètre cinquante, là je surfe mais c’est une autre histoire. La première fois où j’ai pu poser mes fesses sur un skiff, j’ai pas mal tenu l’équilibre. Puis j’ai pensé à ce que j’allais manger au gouter et le bateau s’est retourné. Littéralement. Avec moi dedans. Mes cheveux étaient encore mouillés quand j’ai compris que j’allais apprécier. Le sport et moi, on a un rapport plutôt simple. S’il me fait vivre l’effort sans réfléchir, j’adore. S’il me prend la tête, j’arrête. L’aviron, c’est un peu tout ça à la fois. De l’action, de la glisse et un simple besoin de concentration.

En amenant les avirons de pointe au bord de l’eau mardi dernier, je me suis un peu figée devant l’évidence d’une parfaite séance. Je sais bien que je ne vois pas dans le futur mais je sais reconnaitre les prémices de ces précieux instants. Tout est là. De la chaleur du soleil sur mes bras à l’air frais tout comme il faut. C’est parfait, je me vois déjà l’avaler à grandes goulées. La baie s’ouvre toute entière à mes yeux. Le ciel bleu devant moi semble ne plus avoir de limites et la mer est là, à peut être un mètre même pas. Son clapotis sur la jetée est à peine audible. Elle est transparente et parait aussi légère que l’air. Et son odeur, elle, est irrésistible. Elle est ce mélange de sel, d’algues, de terre parfois et de veille pierre.

Tout à la fois, c’est comme si le temps était en suspend. Rien ne bouge. Le skiff m’attend sagement, je n’ai même plus besoin de réfléchir.

dans le sac de claire - dans mon sac de sport - l'aviron - club d'aviron de villefranche sur mer et sortie dans la baie à partir du port de la Darse matin et lever de soleil sur la baie

Ce qu’il y a de magique à l’aviron, c’est que deux coups de pelle te permettent d’avancer assez vite pour se sentir simplement glisser sur l’eau. Quatre mouvements de plus et j’ai l’impression de voler. Rapidement, je ne suis déjà plus dans le port. Sur l’eau, personne. Je n’ai même pas besoin de me retourner pour vérifier. Alors je profite et je rame. Rien de plus que de la glisse au programme.

dans le sac de claire - dans mon sac de sport - fun skiff vert sur la jetée du port de villefranche sur mer avant la sortie en mer avec le club d'aviron

Quand je regarde le bateau maintenant, tout est un peu différent. Quand je le vois posé comme ça au bord de l’eau, je l’imagine comme un de ces grands oiseaux un peu maladroit aux ailes abimées. Alors je serais là comme pour l’aider à voler. Je serais ses muscles et un peu son coeur. Lui serait le conducteur. Peu importerait le vent ou le temps finalement. Enfin presque. Parfois il pleut aussi un peu trop pour l’aviron alors je reste à l’appartement, la tête penchée sur ma thèse, à ramer au figuré. Là c’est moins drôle. Pas grave, j’ai entendu qu’il fallait un peu de tout pour rester équilibrée.


Prochaine fois, c’est Noël alors je serai plutôt en train de me dépêcher à finir mes cadeaux qu’ici à jouer avec les mots mais sait-on jamais. 😉