Enfin presque car en Indonésie, tout est histoire de nuances. En réalité, ça a plutôt fait quelque chose comme Labuanbajo-Ruteng-Bejawa-Ende-Paga-Maumere puis carte chance. Finalement, on a fait le retour en avion car avec tous les virages rencontrés, on ne savait même plus dans quel sens continuer. La route de Flores ressemble à un long ruban goudronné que le vent aurait déroulé à travers l’île. Un ruban en pointillés comme s’il avait été un peu déchiré par les marées. Un ruban long de 670km frôlant tour à tour les rizières, les volcans, la mer et le fond des vallées. Un ruban qui, à force de tout frôler, se trouve si entortillé qu’y dépasser les 40km/h relève d’un miracle consommé. Ou d’une inconscience démesurée. Au choix. Résultat, comme on a peur de rien et qu’on est des petits rigolos, on a pris un bemos.
Puis deux. Et finalement, pourquoi s’arrêter en si bon chemin? Alors on a pris des habitudes plus locales et laissé tomber les taxis qui coutaient plus cher à Bali qu’un rein sur le marché légal. Les bemos de Flores te klaxonnent et s’arrêtent, sur ce point là, ça ne change pas. Parfois, ils te klaxonnent aussi mais sans s’arrêter et ça, on est pas habitués. Tantôt pour te saluer car des touristes ici, il y en a mais ils sont un peu cachés. Tantôt pour avertir le 35 tonnes qui arrive en face de faire de la place car ils sont en train de doubler. En plein virage.
Les bemos d’ici, ce sont des minis vans plein de couleurs, de gens, de musique et de colis car ils font un peu tout depuis la poste jusqu’à la boite de nuit. Alors tu fais signe, il s’arrête, tu souris, négocies et balances ton sac à l’enfant sur le toît. Normal. C’est à ce moment là en général que tu te rends compte que le van est déjà plein. En général aussi, on haussait les épaules et les sourcils en même temps (mine de rien ça demande un petit entrainement et pas mal de coordination de faire ça. Voilà parenthèse sur mes prouesses physiques fermée). Puis le chauffeur réarrangeait tout son petit monde, passait le sac de pommes de terre près de l’entrée pour qu’il prenne l’air et repartait. Le chauffeur, c’est ce gars pour qui Tetris ne commence réellement qu’au niveau 51.
Du reste, ça roule, c’est top, j’ai une fesse sur un carton de serviettes et l’autre en équilibre entre le banc et une pile d’assiettes. Au bout de 4 minutes passées sur la route, deux choses. D’une, la plupart des gens dedans sont déjà malades du trajet qu’ils ont fait et deux, je suis sourde car le pilote adore les mix Zouk/Techno/Reggaeton/Dance et il veut me faire partager sa passion. Comme il m’a dit que ça lui permettait de se concentrer sur la route, je n’ai pas voulu le contrarier. Rapport à la route qui a justement disparu et au camion de chantier qui arrive à fond (30km/h sur une piste de terre, c’est même super à fond) en plein devant.
Somme toute, une fois dans l’ambiance, impossible de se passer des bemos. C’est le lieu d’échanges par excellence. Pour les dernières infos, les hotels, la météo, les activités, les bons plans et toute promesse de festivité, c’est là qu’il faut chercher. Et en plus, pas besoin de parler Indonésien, tout se fait avec les mains. Ça, la porte du coté grande ouverte sur la jungle qui défile et les locaux circulants entre le toît et l’intérieur pendant que l’on roule. Aucun doute possible, on est à Berlin. Blague à part, il faut le vivre pour le croire mais ça en vaut largement les frissons, les maux de coeurs et les odeurs de poisson.
ahah ce bus local 🙂
Niveau odeur, il faut noter les « sac de parfum d’ambiance » à l’orange ou à la banane souvent suspendus au plafond.
Le pare-brise, c’est sûrement un moyen d’expression de sa passion pour un personnage de dessin animé, son effigie en multiple exemplaires accrochés un peu partout! Très kitch!!!
Expérience super chouette!!
Et pour prendre un peu de distance sur tout ça, rien de mieux que de rejoindre les enfants sur le toit, qui te préviennent parfois de la branche qui te recoiffe ou qui t’embarque l’oreille. Vague impression d’être assis sur une enceinte à roulette.