Il était là, devant moi. Un plateau d’échecs complet avec le royaume entier sagement aligné. Des cavaliers, deux fous, une Reine et son Roi. Sans faire attention, j’ai poussé un pion. Un peu trop vite, sans réflexion. Peut être d’ailleurs sans réelle intention. Puis les règles me sont revenues. Simples et carrées, elles parlaient à ma logique de presque déjà scientifique. Les pièces étaient belles, je m’en rappelle. En bois sombre et clair, elles étaient délicatement sculptées. Alors j’imaginais, en plus des stratégies, les dialogues entre chaque personnage comme s’ils avaient décidés d’apparaitre dans ma réalité. Pour davantage de précision, j’avais dessiné au Roi une petite moustache et mis dans la main de la Reine, une longue épée.
Lire ces articles* à la suite, c’est contempler un fou se placer à côté du cavalier. C’est une vague rumeur qui vient des steppes. Comme un vent froid poussant les pièces maitresses sur l’échiquier du changement. La politique nationale m’a toujours indifféré. Elle va, elle vient, je vais bien. Chacun essaie de parler plus fort que son voisin et disparaît, on ne peut plus rapidement, un peu avant la fin. Chacun essaie de se faire un nom, généralement plus pour son propre bien que par réel souci pour ces concitoyens. Par contre, à l’international, c’est une autre histoire. Règles, objectifs, stratégies et préoccupations territoriales, ça me parle. C’est un truc de grand ou peut être simplement un jeu d’enfants. Comme un jeu d’échecs finalement.
Lire ces articles* à la suite, c’est comme donner corps à l’esprit que fait naître Emmanuel Carrère avec Limonov. C’est rendre tangible à grande échelle une philosophie protectionniste, égocentrique et de plus en plus active sur la scène du fait de ces pièces parfaitement placées. Poutine a bien des défauts mais c’est un brillant stratège. A mesure que les présidents occidentaux changent et réinventent chaque fois une roue différente, la Russie avance vers un même objectif depuis plus de 20 ans maintenant. Pas plus d’analyses de la situation, je ne suis pas vraiment là pour ça et beaucoup en ont fait de très bonnes. Ennuyeuses mais complètes donc ça va. A la place, je vous donne ma recette du White Russian (5cl de vodka – 2cl de liqueur de café kahlua – 3cl de crème fraiche – à faire au shaker). Elle aide à mieux appréhender la théorie.
Depuis, j’ai rajouté une épée dans l’autre main de la Reine et demandé au Roi de remettre du thé à chauffer. Je crois qu’on aura besoin d’un peu des deux désormais.
*articles:
Putin’s game – The daily telegraph
Nomination du secrétaire US proche de Poutine – Le Monde
Financement du FN – Le Monde
What we know about US election – NYTimes
recette du White Russian tirée de « The big Lebowski »