En partant, c’était un sac neuf et brillant. En revenant, un peu moins. J’ai compté deux cicatrices, un coup de crayon, trois autocollants, de la poussière encore au fond et une tâche de cumin. A le regarder sagement rangé avec les autres sacs, je me suis dit que s’il pouvait parler, il nous livrerait un récit quelque peu différent de cette parenthèse Indo-Thaïlandaise. Alors je me suis laissée à imaginer une histoire vue du haut de ces 30 centimètres. Une histoire faite de passages en soute, d’oublis, de lancés contrôlés ainsi que d’excursions à vélo, en bemos, à dos ou à moto et parfois presque sous l’eau.
A Bangkok, c’était facile, il n’était pas là. Pas là comme dans « On a pas réussi à le mettre dans votre avion donc on vous donne de l’argent et on vous le livrera plus tard à votre hôtel. C’est évident. ». De son côté, c’était plutôt « Qu’est ce qu’il m’ont collé comme étiquette? Bangkok? Pas moyen; trop chaud, les trottoirs sont sales et il y a de la nourriture partout, des rats et des araignées. Je reste à Dusseldorf, c’est décidé ». Et hop tu as roulé hors du chariot. Petit malin de sac va, heureusement que tu es finalement venu, on a bien rigolé. Souviens toi de la soute de bus entre Chiang Mai et Sukhothai où le Thaïlandais qui y vivait ne te trouvait plus sous prétexte que tu lui servais de coussin rembourré et joufflu.
Ou encore du trajet Indonésien en hors bord depuis Amed jusque Lombok. Ils disaient « Pas d’inquiétudes, il a l’air très étanche votre sac ». En général, « pas d’inquiétudes » en Indonésie rime avec « n’y pensez pas non plus, on ne sait jamais, un coup de chance peut arriver ». Un peu comme dans « On a rajouté trois moteurs au bateau pour aller plus vite. Il n’est pas fait pour ça mais pas d’inquiétude. » Effectivement, on a pas coulé et le sac était plutôt sec à l’arrivé. Un peu salé mais sec.
Ah et sur le toit du Bemos alors que tu ne voulais pas y monter. « Stop les toits, je n’en peux plus. Vous me faites passer dans les branches, il pleut un coup sur deux et je manque de glisser à chaque virage. » Bon tu y étais déjà donc on ne t’entendait plus mais je suppose que c’était comme les autres fois. A peine harnaché et sanglé qu’un petit Indonésien te choisissait comme coussin. C’est vrai que tu es un peu rugueux comme ça, au premier abord, mais au fond, sous la poussière, tu es merveilleux. Et moelleux.
Et grand et costaud et pratique et pas mal beau. Bref, prochaine virée, c’est toi que je choisirais sans hésiter.
ps: sac North Face base camp duffel en 70L / M