À vrai dire, ce n’est pas tant que ça un souvenir puisqu’il en reste toujours une tâche noire sur ma jupe. Et si je baisse les yeux sous l’abri du comptoir, je peux encore la voir; elle est juste là, à côté du fermoir. C’est une petite tâche, ça va, je sais tenir ma tartine correctement. L’histoire, c’est que d’une, les petits déjeuner très tôt en semaine sont compliqués peu importe qu’il y ait du jus pressé, des tartines géantes et du café. Et deux, dans les confitures de la maison, on trouve des mûres entières car sur l’échelle du divin, ça se trouve tout en haut. En numéro un. Seul embarras, sur la tartine, ça ne tient pas.
D’habitude, j’y arrive plutôt bien remarque. Elles roulent, j’anticipe et je les attrape au vol comme Willy dans son bassin avec les saumons que lui balance Jesse. Ce matin, c’était compliqué. Après la première tartine, tout dans mes pensées n’était plus que rêveries et confiture. Comme un concentré de souvenirs, de goûts acidulés, de balades en soirée et de sourires tachés de mûres. Et de ronces aussi. Je me rappelle toutes ces fois où l’on est parti en chercher. On en ramenait souvent plusieurs seaux plein et d’autres fois, rien. La faute aux ronces trop piquantes, aux saisons changeantes ou à ma faim grandissante.
J’avoue. La plupart du temps, j’en mangeais une sur deux. Histoire de voir si elles étaient vraiment toutes bonnes. Une sorte de suivi qualité. Elles étaient chaudes, gorgées de soleil. Un peu sucrées, légèrement acidulées, les mûres étaient pleines du parfum de l’été passé. Elles sentaient les vacances mais aussi la rentrée. Elles étaient une sorte de Graal que l’on allait chercher du bout des doigts et sur la pointe des pieds. Bon, de là à en faire de la confiture, c’est un mystère. Je sais simplement qu’il faut plein de mûres, plein de sucre et encore plus de patience pour que ça cuise correctement. Ah oui ça et qu’il ne faut pas les mouliner.
C’est important que les mûres soient entières. C’est important car elles se retrouvent sur la tartine des matins compliqués telles qu’elles étaient quand on les a ramassées. Et ça, bon, ça roule, ça tache, c’est sur mais ça fait surtout rêver.
Ces petits textes comme des souvenirs font le plaisir des yeux 🙂 quel joli récit !
XOXO LOVE,
Anthony & Noémie, blogueurs amoureux et surtout bientôt mariés
notrecarnetdaventures.com