Souvent, j’avoue avoir besoin d’un catalyseur à mon imagination. Parfois ce n’est rien qu’un nuage, un son commun ou l’ombre d’une main. Ce n’est donc pas que je manque d’occasions de rêver, ce serait même plutôt l’inverse et plus d’une fois la maitresse est venue se poster devant moi pour claquer des doigts. L’avantage de grandir, c’est que l’on peut donner une bonne raison à tout. Là, par exemple, je ne rêve plus, je médite et ça, même au comptoir, on a le droit, donc ça va. Cette fois, toutes les conditions étaient réunies pour une grosses session rêverie. En bref, c’est comme au surf, l’eau en moins mais le bonheur en commun. Alors ne reste plus qu’à saisir l’opportunité et se laisser glisser.
Petit a), c’était les vacances. Petit b), tous ceux qui comptent pour moi étaient là; juste à portée de voix. Petits c), d), e) et f), j’avais chaud aux pieds, on venait de monter sur le bateau et l’air avait cette pureté et cette transparence propre aux plus beaux jours de l’hiver. Ah et je venais d’avaler la première bouchée de mon pain au chocolat. Comme chacun sait, tant que je n’ai pas fini de manger, aucun risque de m’endormir donc je pouvais librement me laisser aller à rêver. Je me suis donc installée à l’avant, tout contre la proue.
Un coucher de soleil depuis la mer, c’est comme une scène de théâtre improvisée par la nature. Une grande scène sans rideaux. Ni fauteuils ni MnM’s d’ailleurs mais bon comme j’étais déjà en train de manger, je n’ai pas fait attention. Ce que j’ai retenu, ce sont les ombres de chacun venant jouer sur l’horizon. Des ombres comme autant de personnages imaginaires se prenant vie avec la tombée de la nuit. Pas d’ours ni de dragon cette fois mais autant de danseuses sautants et tournants comme un hommage à une journée bien trop belle pour se finir simplement.
Ah et pour le début, c’est dans ce coin là que l’on s’était perdu.