Quand je voyage, j’essaie de trouver le meilleurs équilibre qui soit entre le poids des bibelots que je transporte et celui des habits me tenant au chaud. Le calcul est facile. Si j’ai trois paires de chaussures, mes chaussons et plus de hauts qu’il n’en faut pour habiller la moitié de l’avion. Eh bien, je ne prends qu’un petit roman. A l’inverse, si je ne trouve rien à emmener ou s’il fait déjà trop chaud, je prends à défaut le plus gros livre que je puisse trouver. Il y a un mois, c’était Mille et cent ans de poésie Française. J’avoue n’être pas allée très loin mais j’étais certaine de pouvoir assommer n’importe qui, au besoin, en lui lisant les premiers vers de Mallarmé. Il y a deux semaines, je suis partie avec cent vingt grammes d’une histoire à la saveur Amazonienne.
Cent vingt pages tournées au rythme des gouttes frappant la carlingue. Ou presque, je ne sais pas mais bien trop vite en tout cas. Coincée sur le tarmac, j’ai l’impression d’être dans cette cabane de tôle en pleine saison des pluies. Un endroit que j’imagine simplement car Antonio José Bolivar ne raconte pas, il vit pleinement et se souvient parfois. Ah et il lit aussi. Pas depuis longtemps et laborieusement mais il adore ça. Des romans d’amour où se mêlent passions et larmes au sein d’une intrigue digne de l’opéra.
– De quoi ça parle?
– De l’amour.
A cette réponse du vieux, il se rapprocha, très intéressé.
– Sans blague? Avec des bonnes femmes riches, chaudes et tout?
Le vieux ferma le livre d’un coup sec qui fit trembler la flamme de la lampe.
– Non. Ca parle de l’autre amour, celui qui fait souffrir.
Puis il y a la jungle. Pas celle que je connais au travers des Disney mais celle dans laquelle Shere Khan apparaitrait comme étant plutôt gentil et presque sympathique. Une jungle sombre, sauvage et authentique. Une jungle qui me fait relever les yeux, me retourner et guetter les ombres. Alors quand le Vieux se voit contraint d’y retourner pour régler ce que les hommes ont dérangé, j’arrête à peu près de respirer. Je me rappelle la Guyane, la chaleur et l’humidité dans laquelle j’aurais presque pu nager. Je revois cette pluie tombant en rigole une fois passée le toit des arbres. Les senteurs collectées par l’eau en passant et les couleurs de la végétation tantôt mattes, tantôt criardes.
Ces pages sont un peu tout à la fois, une tragédie, un voyage, un roman, un morceau de vie plein de poésie mais aussi une ode à la nature sauvage.
Beau! on en veut encore plus! C’est ton propre réçit de l’Amazone qu’on veut!