La dernière fois que j’ai entendu un sonneur, c’était dans la chaleur du mois d’Aout à Lorient. Alors quand on a appris que tout un bagad se préparait à jouer pour la fête du Prince à Monaco, on s’est un peu dépêché. Je veux dire que par rapport à d’habitude où on est pas en avance, là on était carrément en retard. D’une, les informations ont beaucoup de mal à se faire un chemin jusque ma tête le matin. Et deux, le petit déjeuner donnait simplement envie de ne plus bouger et d’en profiter. La faute surement au pain complet croustillant, aux oranges pressées, au miel des montagnes et à la brioche tressée. Bref, j’ai mis une tartine dans ma poche et on est parti.
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai grandit avec la musique. Elle était traditionnelle ou classique mais je crois en avoir toujours eu dans les oreilles. Comme le bruit des vagues finalement; tout pareil. Alors quand j’entends le bagad gonfler ses cornemuses et accorder ses bombardes, je m’arrête de respirer et les regarde. A Montréal déjà, c’était une parenthèse salée au coeur d’un pays tout doux. A Paris et aussi un peu partout, ce sont à chaque fois comme autant d’instants volés au présent. Des instantanés de rondes passées, de souvenirs, de danses à n’en plus finir, de festivals et de défilés.
Les premiers accords sont toujours puissants et rythmés. Ils font vibrer mon coeur et me remplissent de fierté. Si je ne m’y attend pas, ils me font aussi sursauter parfois. Enfin ça, c’est plutôt au festival interceltique où les bagad se font et se défont à chaque coin de rue. Si je suis nostalgique? Pas du tout. Enfin peut être un peu. En tout cas, au moins a chaque fois que je mange du beurre ou que j’entends jouer un biniou.
Pour la peine, je vais faire chauffer la poêle et sortir les crêpes. Et le cidre.
on en entends presque le biniou! vous me gardez une crêpe??
une crêpe et j’ai mis du caramel au beurre salé dessus pour faire un peu plus local (et pour lutter contre le froid).