C’est évident, tu t’en rappelles puisque je l’avais jouée et raconté. Le ukulele, Cocoon, les tierces, les basses et cette lente mélodie qui te fait rêver même éveillée. Depuis, on l’a chanté, écouté et rejoué. Beaucoup. Un peu trop? Même pas. Enfin je crois. Puis on a changé de thème. Alors j’ai rendu les cordes à J pour qu’il me fasse entendre le Brésil. Il m’a raconté un peu puis a joué longtemps pendant que je voyageais les yeux fermés.
Les accords sont d’abord lents. Ils racontent la vie dans ces abris tout en haut de Rio. Plus hauts encore que les favelas à cette époque là, ils sont le berceau des rêves enfantins, des jeunes magiciens et des musiciens. D’ici, la vue sur la baie est magique. L’océan est immense, parsemé d’îles vertes et entouré de montagnes. On oublie presque la ville tout en bas. Elle est blanche, un peu grise parfois et vibre au rythme des surdo. C’est la veille du carnaval.
Le jour du défilé passe en une sorte de flou artistique. Puis vient le matin avec un nouveau soleil mais les mêmes vagues que la veille. J’imagine mes fesses dans le sable d’Ipanema. Tout est là, le vent tiède, la rumeur de Rio juste derrière et le drapeau du poste 8 pas loin. C’est exactement le même schéma mais avec en plus un je ne sais quoi qui rythme les battements de mon coeur. Mes yeux sont, eux, pleins de couleurs.
Le temps s’est un peu figé. Je suis toujours lovée dans mon canapé mais l’atmosphère s’est changée. Il fait plus chaud c’est sur, j’ai un sourire heureux et je jurerais que c’est un confetti qui traîne dans mes cheveux.
Ce soir, c’est Baião de dois (haricots verts, riz et viande séchée, promis je vous ferai la recette) et j’ai déjà un avant gout de Brésil dans la bouche. Ah et pour ceux qui cherchent, les morceaux de musique sont tirés d’Orfeu Negro et le perroquet Blue du film Rio.