Petite, j’aimais bien les aéroports. C’était le début des vacances, le début d’une nouvelle aventure en forme de parenthèse. Regarder les familles et leurs bagages. Imaginer leurs vies et leurs voyages. En fait, je crois que j’adorais autant partir que faire des adieux, les mains dans le grillage.
Maintenant, ce que je préfère à l’aéroport, c’est le bruit de la ceinture que je ferme sur mon ventre une fois dans l’avion. Comme un déclic pour annoncer la fin d’une course et le début d’une balade. Comme si l’heure passée à lutter contre l’oreiller, les céréales renversées et le train retardé n’avait finalement pas existé.
Évidemment, il y a aussi les courses qui ne réussissent pas. Les nuits passées dans les terminaux car l’avion a décollé trop tôt; le banc de droite à Charles de Gaule, celui du fond à Venise, le petit à gauche à Londres et celui avec les coussins mignons à Singapour. Promis, je vous fait bientôt une revue par aéroport des meilleurs bancs où passer la nuit.
J’ai pas mal pris d’avions et passé autant de portes d’embarquement. Un peu trop souvent entendu mon nom être dans les derniers appelés alors que je passais la sécurité. J’aime bien mon prénom donc ça va mais le coup de stress qui vient avec, je veux bien m’en passer, merci.
Et pourtant, j’adore toujours les aéroports. Un peu comme une relation amour-haine, tu vois? Bon, mon aversion ne dure jamais plus de 11 minutes ou le temps d’une nuit si le banc n’est pas confortable. Puis je me remets à rêver à ces destins croisés, à ces gens magiques rencontrés. Je repense aux avions que l’on voit décoller toute la journée. A ceux que l’on voit arriver. A ces retrouvailles et à ces aux revoir silencieux aussi. Et j’imagine avoir le temps, pour une fois, de pouvoir rêver éveillé entouré de tous ces non dits.
La prochaine fois, j’arriverais en avance. Promis.