Petite comme deux pommes, j’avais été mise au défi de tenir debout pendant une minute sous la pluie. Une sorte de pari pour mini bretons disons. Évidemment, ma soeur est restée deux minutes et mon frère s’est dit que, finalement, après avoir lancé l’idée, il préférait retourner jouer dans le salon. Conclusion, on est rentrées trempées, on a glissé, dégouliné sur le tapis et on a beaucoup ris. Enfin jusqu’à ce que je commence à éternuer. Je passe sur l’épisode désagréable qui a suivit mais depuis je ne sors plus sans un voire deux parapluies. Ah et pour chaque idée que mon frère me souffle je réfléchis.

Ils ont été de toutes les couleurs, en bois, en acier, en toile ou en papier, en forme de cône ou même une fois en forme de fleur. Sur tous ces parapluies, un seul s’est envolé. Deux se sont fait voler. Trois ont été oubliés. Et je ne compte plus ceux qui se sont retournés au moment exact où la météo devenait totalement incontrôlée. Bref, tous m’ont gardé au sec. Enfin presque. Plus ou moins longtemps et plus ou moins complètement mais ils m’ont évité de rattraper le rhume de mes six ans. Alors quand j’ai trouvé cette boutique un peu cachée dans le vieux Nice, je n’ai pas pu m’empêcher.

Ce jour là, j’en ai pris trois. Un parapluie bordeaux, un turquoise ainsi qu’un bleu roi. Un pour J, un pour moi et un autre pour moi. Au cas où quoi. Ce jour là, j’en ai aussi profité pour discuter un peu avec ce monsieur parapluie. C’est une affaire de famille qu’il m’a dit, on en vend depuis plus d’un siècle maintenant. On les fabrique (avec Vaux à St Claude), on les répare et on les expose à côté des ombrelles jusqu’à ce qu’une personne en tombe amoureuse au premier regard. Quelque chose comme une vocation. A le voir faire la démonstration d’ouverture, dépliage, fermeture, repliage, j’ai l’impression qu’il tiens entre ses mains un petit animal et non plus un parapluie. Résultat, je me suis retenue d’applaudir à la fin tant j’ai cru à un numéro de magie.

dans le sac de claire - dans mon sac de tempêtes - promenade sous la pluie près de tourette sur loup avec parapluie rouge bordeaux de chez vaux st claude acheté chez bestagno dans le vieux nice

A la place, je me suis prise à espérer pouvoir les essayer sans attendre. Vouloir entendre la pluie tambouriner sur le tissus tendu. M’imaginer à l’abri comme sous une tente ou un tipi puis marcher en regardant la forêt reverdir ou les vagues se courber le temps d’un soupir. Et rentrer sans refroidir ni éternuer.