En lecture, j’ai une règle essentielle. Enfin deux ou peut être trois mais toutes très simples. Selon la première, je prends toujours soin de ne lire qu’un livre à la fois. La seconde règle m’oblige à alterner les styles entre deux éditions. Et j’ai oublié la troisième mais elle est certainement aussi super que les deux premières. Ainsi, je peux laisser libre cours au jeu entre mon imaginaire et celui de l’auteur. M’imprégner du style et vivre l’histoire de mon côté jusque son apogée. Puis tout changer.

Au départ, je pensais commencer un roman d’aventures. J’ai ouvert une biographie. Petit gangster, poète, couturier, écrivain, amant, sans abris, majordome, vedette littéraire à Paris et révolutionnaire dans les Balkans. Ah et prisonnier aussi puis un peu politicien. Limonov est un cocktail à lui seul et je me demande encore s’il y a quelque chose qu’il n’a pas fait dans sa vie.

Sa vie justement, c’est un peu tout à la fois. Une aventure, un déclin, une ode à la gloire et à la misère; Limonov est plein d’énergie et meurt et renait sur chaque continent, chaque pays. Un vrai livre. C’est comme une page d’histoire que l’on a entre les doigts mais une histoire que l’on a un peu oubliée.

Le bonheur est cet état d’esprit où l’on peut aimer le présent.

Limonov – Édouard Veniaminovitch Savenko

Les chapitres s’enchainent et confirment cette philosophie en m’entrainant à chaque fois dans une nouvelle vie. J’ai senti le désespoir d’un homme à qui tout était retiré. L’Ukraine, froide et verrouillée. Manhattan, toute illuminée et sans vérités sur lesquelles s’appuyer. J’ai senti la force de conviction dont il fait preuve chaque fois qu’il tombe. Je l’admire un peu c’est sur. Peut être autant qu’il me répugne finalement.

dans le sac de claire - dans mon sac de livre avec Limonov par Emmanuel Carrère sur sac en cuir avec lunettes écaille pinton étui jaune sur tapis alexis gautier

Anticonformiste, sulfureux, machiste, bagarreur, fasciste, baroudeur, intransigeant, provocateur et incorrigible cynique, il est à lui seul un de ces ascenseurs émotionnel qu’il vaut mieux éviter. Mais auquel, peut être pendant un instant seulement, on aimerait ressembler (je passe les côtés fasciste et machiste, ça c’est pas vraiment moi) (ah et bagarreuse aussi).

Promis la prochaine fois, je vous fait un article tout doux, rose avec des nuages, des paillettes, des rêves et tout et tout.